SIMON WIESENTHAL,
(Article paru en anglais dans The Journal of Historical Review, hiver 1989-1990, vol. 9, n° 4)
Mark Weber
Simon Wiesenthal est une légende vivante. En août 1980, au
cours d'une cérémonie officielle à la Maison Blanche, le président Carter,
les larmes aux yeux, offrit au plus célèbre «chasseur de nazis» du monde une
médaille d'or spéciale que lui décernait le Congrès américain. En novembre
1988, le président Reagan fit son éloge en le présentant comme l'un des
«vrais héros» de ce siècle.
S. Wiesenthal est titulaire de la plus haute décoration de l'Allemagne de
l'Ouest et l'une des plus célèbres organisations mondiales en faveur de
l'Holocauste porte son nom : le Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles. Le
défunt Laurence Olivier le représenta à l'écran sous des traits flatteurs
dans le film d'imagination tourné en 1978, «The Boys from Brazil», et Ben
Kingsley interpréta son rôle dans une dramatique réalisée pour la
télévision en avril 1989, «The Murderers among us : The Simon Wiesenthal
Story» [Les assassins sont parmi nous : l'histoire de Simon Wiesenthal].
La réputation de Wiesenthal est imméritée. L'homme que le Washington Post
appelle «l'Ange vengeur de l'Holocauste» a un lourd dossier pour ce qui est du
peu de souci ou du mépris de la vérité [1]. Il a menti sur sa propre
expérience de la guerre. Il a dénaturé ses réalisations en matière de
«chasse aux nazis» dans l'après-guerre et répandu d'abominables mensonges au
sujet de prétendues atrocités allemandes. Il n'est certainement pas une
autorité morale.
Des versions différentes
Szymon (Simon) Wiesenthal est né le 31 décembre 1908 à
Buczacz, ville de la province de Galicie en Autriche-Hongrie (aujourd'hui
Buchach en Ukraine soviétique). Son père était un riche marchand de sucre en
gros.
Malgré tout ce qu'on a écrit à son sujet, ce que Wiesenthal a fait pendant
les années de guerre sous l'occupation allemande n'est pas encore bien clair.
Dans trois récits distincts de ses activités pendant la guerre il a fourni des
versions qui divergent de façon troublante. Le premier récit fut livré sous
serment, en mai 1948, au cours d'un interrogatoire de deux jours conduit par un
représentant de la commission américaine des crimes de guerre à Nuremberg
[2]. Le deuxième est un résumé de sa vie, que Wiesenthal a fourni en janvier
1949 lors d'une «Demande d'aide» auprès du Comité international des
réfugiés [3]. Et le troisième est son autobiographie, The Murderers Among
Us [Les assassins sont parmi nous], publiée pour la première fois en 1967
[4].
Ingénieur soviétique ou ouvrier mécanicien ?
Au cours de son interrogatoire de 1948, Wiesenthal déclara que, «entre 1939 et 1941», il avait été un «ingénieur en chef soviétique travaillant à Lvov et à Odessa» [5]. Sa déclaration de 1949 est compatible avec la précédente puisqu'il y dit avoir travaillé, de décembre 1939 à avril 1940, comme architecte à Odessa, le port de la Mer Noire. Mais, d'après son autobiographie [publiée en 1967], il avait passé la période de mi-septembre 1939 à juin 1941 à Lvov, sous administration soviétique, où il avait travaillé «comme mécanicien dans une usine qui produisait des ressorts de lits» [6].
«Une liberté relative»
Après que les Allemands eurent pris le contrôle de la Galicie en juin 1941, Wiesenthal fut interné pendant un certain temps dans le camp de concentration de Janowska près de Lvov, d'où il fut transféré quelques mois plus tard dans un camp qui, à Lvov, était affilié aux ateliers de réparations (OAW) de la Ostbahn (chemins de fer de l'Est) en Pologne sous administration allemande. Wiesenthal a rapporté dans son autobiographie qu'il y travaillait «comme technicien et dessinateur», qu'il y était plutôt bien traité et que son supérieur immédiat, un homme «secrètement antinazi», lui avait même permis de posséder deux pistolets. Il avait son bureau à lui dans une «petite baraque de bois» ; il y jouissait d'une «liberté relative et on lui permettait de se promener partout autour des chantiers» [7].
Un partisan armé ?
Le fragment suivant de la vie de Wiesenthal — d'octobre
1943 à juin 1944 — est le plus obscur et ses récits sur cette période sont
contradictoires. Lors de son interrogatoire de 1948, Wiesenthal déclara qu'il
s'était enfui du camp de Janowska, à Lvov, pour joindre un «groupe de
partisans qui opérait dans le secteur de Tarnopol-Kamenopodolsk» [8]. Il dit :
«J'ai été partisan du 6 octobre 1943 jusqu'au milieu de février 1944» et
déclara que son unité s'était battue contre les forces ukrainiennes, à la
fois de la division SS «Galicie» et des forces partisanes indépendantes UPA
[9].
Wiesenthal dit avoir eu rang de lieutenant, puis de major, et avoir été
responsable de la construction de blockhaus et de lignes de fortifications. Tout
en restant dans le flou, il laissa entendre que cette unité (supposée) de
partisans faisait partie de l'Armia Ludowa («Armée du Peuple»), force
militaire communiste polonaise créée et contrôlée par les Soviétiques [10].
Il dit qu'avec d'autres partisans il s'était glissé dans Lvov en février
1944, où ils furent «cachés par des amis du groupe de l'Armia Ludowa».
Le 13 juin 1944, son groupe fut capturé par la police secrète militaire des
Allemands. (Alors que les partisans juifs qui se cachaient étaient souvent
fusillés, Wiesenthal rapporte que, pour une raison ou pour une autre, il fut
épargné.) Wiesenthal raconta à peu près la même histoire dans sa
déclaration de 1949. Il affirma qu'il s'était enfui de captivité au début
d'octobre 1943 et qu'ensuite il «avait combattu contre les Allemands comme
partisan dans la forêt» pendant huit mois — du 2 octobre 1943 à mars 1944.
Après quoi, il «s'était caché» à Lvov de mars à juin 1944.
Dans son autobiographie de 1967, Wiesenthal raconte une histoire totalement
différente. Il rapporte qu'après sa fuite des ateliers de réparations de l'Ostbahn
le 2 octobre 1943, il vécut en se cachant chez différents amis jusqu'au 13
juin 1944, quand il fut découvert par la police allemande et polonaise et
renvoyé en camp de concentration. Il ne fait aucune allusion à une adhésion
comme partisan ou à une activité comme tel [11].
Selon, à la fois, son interrogatoire de 1948 et son auto-biographie de 1967, il
tenta de se suicider le 15 juin 1944 en se tailladant les poignets. Un fait
digne d'attention, néanmoins : il fut sauvé de la mort par des médecins
allemands SS et se rétablit dans un hôpital SS [12]. Il resta au camp de
concentration de Lvov «avec double ration» pendant un certain temps, et
ensuite, raconte-t-il dans son autobiographie, il fut transféré vers divers
camps de travail. Il passa les mois chaotiques restants, jusqu'à la fin de la
guerre, dans différents camps et fut libéré de Mauthausen (près de Linz) par
les forces américaines le 5 mai 1945 [13]. Wiesenthal s'est-il inventé un
passé de partisan héroïque ? Ou a-t-il essayé plus tard de supprimer les
traces de son épisode de combattant communiste ? Ou la véritable histoire dans
son ensemble est-elle tout autre — et il aurait trop honte à le reconnaître
?
Les mythes de Mauthausen
Avant le «chasseur de nazis» il y eut le propagandiste
trompeur et sans scrupules.
En 1946, Wiesenthal publia KS-Mauthausen, un livre qui fit sensation et
qui contient principalement ses propres croquis d'amateur censés représenter
les horreurs du camp de concentration de Mauthausen. Un dessin représente trois
détenus attachés à des poteaux et sadiquement mis à mort par les Allemands
[14].
Le croquis est un faux complet. Il a été copié — avec quelques
modifications mineures — à partir de photographies qui ont paru dans la revue
Life en 1945, qui rappelle par une photographie la fusillade, en
décembre 1944, par un peloton d'exécution, de trois soldats allemands qui
avaient été surpris en train d'espionner derrière les lignes au cours de la
«Bataille des Ardennes» [15]. La source du dessin de Wiesenthal est
instantanément évidente à quiconque compare ce dessin aux photographies de
Life [16].
Le caractère irresponsable de cet ouvrage apparaît aussi dans la très longue
citation qu'y donne Wiesenthal des supposés «aveux sur son lit de mort» du
commandant de Mauthausen Franz Ziereis, selon lesquels quatre millions de
gens furent gazés avec du monoxyde de carbone au camp satellite de Hartheim
situé à proximité [17]. Cette allégation est totalement absurde et plus
aucun historien sérieux de l'Holocauste ne l'accepte [18]. En outre, selon les
«aveux» de Ziereis cités par Wiesenthal, les Allemands sont censés avoir
tué en outre dix millions de personnes en Pologne, en Lituanie et en
Lettonie [19]. En fait, ces «aveux» sont totalement faux et ont été obtenus
sous la torture [20].
Des années plus tard, Wiesenthal mentait encore au sujet de Mauthausen. Dans
une interview donnée en 1983 au quotidien américain USA Today, il
s'exprimait ainsi sur son expérience à Mauthausen : «J'étais l'un des 34
prisonniers survivants sur les 150 000 qui avaient été mis là.» [21]. C'est
un pur mensonge. Les années ont apparemment été rudes pour la mémoire de
Wiesenthal, puisque, dans sa propre autobiographie, il écrivait que «près de
3 000 prisonniers sont morts à Mauthausen après notre libération par les
Américains le 5 mai 1945» [22]. Une autre ancienne détenue, Evelyn Le Chêne,
rapporte, dans son ouvrage classique sur Mauthausen, qu'il y avait 64 000
détenus dans le camp lorsqu'il fut libéré en mai 1945 [23]. Et selon l'Encyclopaedia
Judaica, au moins 212 000 prisonniers ont survécu à l'internement dans le
complexe du camp de Mauthausen [24].
Après la guerre, Wiesenthal travailla pour le bureau américain des Services
stratégiques [OSS] (précurseur de la CIA) et pour le service de
contre-espionnage de l'armée américaine (le CIC). Il fut aussi vice-président
du Comité central juif de la zone d'occupation américaine en Autriche [25].
Le «savon humain»
Wiesenthal a fait circuler et croire à l'une des légendes
holocaustiques les plus calomnieuses, à savoir l'accusation selon laquelle les
Allemands fabriquaient du savon à partir des cadavres de juifs assassinés.
Selon cette fable, les lettres «RIF» inscrites sur les pains de savon
fabriqués par les Allemands signifiaient, à ce que l'on prétend, «Pure
graisse juive» (Rein jüdisches Fett). En réalité, ces initiales
signifiaient «Centre national pour l'approvisionnement en graisse
industrielle» (Reichsstelle für industrielle Fettversorgung) [26].
Wiesenthal a assuré la promotion de la légende du «savon humain» dans des
articles publiés en 1946 dans le journal de la communauté juive autrichienne, Der
Neue Weg [La nouvelle voie]. Dans un article intitulé «RIF», il écrivait
:
Les terribles mots «Transport pour savon» furent entendus pour la première fois à la fin de 1942. C'était dans le Gouvernement général [de Pologne] et l'usine se trouvait en Galicie, à Belzec. D'avril 1942 à mai 1943, 900 000 juifs furent utilisés comme matière première dans cette usine.
Après la transformation des cadavres en diverses matières premières, écrivait Wiesenthal, «Le reste, les déchets graisseux résiduels, était employé à la production de savon.» Il poursuivait ainsi :
Après 1942, les gens dans le Gouvernement général savaient très bien ce que signifiait le savon RIF. Le monde civilisé ne peut pas imaginer la joie que ce savon procurait aux nazis du Gouvernement général et à leurs femmes. Dans chaque morceau de savon, ils voyaient un juif qui avait été magiquement mis là et qu'on avait ainsi empêché de devenir un second Freud, Ehrlich ou Einstein [27].
Dans un autre article plein d'imagination publié en 1946, intitulé «L'usine de savon de Belzec», Wiesenthal prétendait que des masses de juifs avaient été exterminées dans des douches par électrocution :
[28].Les gens, serrés les uns contre les autres et entraînés par les SS, les Lettons et les Ukrainiens, franchissent la porte ouverte pour se rendre au «bain». Cinq cents personnes pouvaient tenir en même temps. Le plancher de la «chambre de bain» était fait de métal et des pommes de douches pendaient au plafond. Quand la pièce était pleine, les SS envoyaient les 5 000 volts du courant électrique à travers la plaque de métal. Au même moment, de l'eau se déversait des pommes de douches. Un cri bref, et l'exécution était terminée. Un médecin chef SS nommé Schmidt vérifiait à travers un œilleton que les victimes étaient mortes. On ouvrait la deuxième porte et le «commando des cadavres» pénétrait et enlevait rapidement les morts. Tout était prêt pour les 500 suivants
Aujourd'hui, aucun historien sérieux n'accepte les légendes
selon lesquelles des cadavres de juifs étaient transformés en pains de savon
ou que des juifs étaient tués par électrocution à Belzec (ou ailleurs).
Cette façon pleine d'imagination qu'a Wiesenthal de concevoir l'histoire ne se
limite pas au vingtième siècle. Dans son livre publié en 1973, Sails of
Hope [Les Voiles de l'espoir], il prétendait que Christophe Colomb était
secrètement juif et que son célèbre voyage vers l'hémisphère occidental en
1492 était en réalité la quête d'une nouvelle patrie pour les juifs d'Europe
[29].
Un «chasseur de nazis» frauduleux
La réputation de Wiesenthal comme premier «chasseur de
nazis» du monde est entièrement imméritée. Sa plus grande réalisation, en
plus de trente ans de recherche de «criminels nazis», a été le rôle qu'il
aurait joué dans la localisation et la capture d'Adolf Eichmann. (Eichmann
dirigeait pendant la guerre le département SS des Affaires juives. Il fut
enlevé par des agents israéliens à Buenos Aires en 1960 et pendu à
Jérusalem, après un procès qui a retenu l'attention des médias du monde
entier.)
Mais Isser Harel, le fonctionnaire israélien à la tête du commando qui
captura Eichmann, a déclaré sans équivoque que Wiesenthal n'était
«strictement pour rien» dans la capture. (Harel est un ancien dirigeant à la
fois du Mossad et du Shin Bet, les agences de sécurité israéliennes pour
l'Étranger et pour l'Intérieur.) De surcroît, Arnold Forster, conseiller
général de l'Anti-Defamation League [la Ligue antidiffamation] du B'nai B'rith,
la puissante organisation sioniste, a rapporté, dans son livre Square One,
que, juste avant la capture d'Eichmann par les Israéliens en Argentine,
Wiesenthal le situait à la fois au Japon et en Arabie Saoudite. Quand le
gouvernement israélien refusa d'accorder à Wiesenthal des fonds pour
rechercher Eichmann, le «chasseur de nazis» fit une déclaration à la presse
israélienne dans laquelle il prétendit que le gouvernement refusait son aide
pour capturer l'ancien SS [30].
L'une des affaires les plus spectaculaires de Wiesenthal a concerné un homme de
Chicago du nom de Frank Walus.
Dans une lettre datée du 10 décembre 1974, il accusa ce Walus d'avoir «livré
des juifs à la Gestapo» à Czestochowa et à Kielce, en Pologne, durant la
guerre. Cette lettre provoqua une enquête de la part du gouvernement américain
et une campagne judiciaire contre Walus [31]. En mai 1981, le Washington Post
fit paraître un article sur cette affaire intitulé :
Le nazi qui n'en avait jamais été un : comment une chasse aux sorcières lancée par la justice, la presse et des enquêteurs a flétri un homme innocent en le présentant comme un criminel de guerre.
Le long article, qui fut reproduit par l'American Bar Association [Association du barreau américain], signalait :
En janvier 1977, le gouvernement des États-Unis accusa un habitant de Chicago du nom de Frank Walus d'avoir commis des atrocités en Pologne pendant la seconde guerre mondiale.
Dans les années qui suivirent, cet ouvrier d'usine à la retraite dut recourir à l'endettement pour réunir plus de 60 000 dollars afin d'assurer sa défense. Il comparut au tribunal tandis que onze juifs survivants de l'occupation nazie en Pologne attestaient qu'ils l'avaient vu assassiner des enfants, une vieille femme, une jeune femme, un bossu et d'autres personnes encore. […]
Des preuves écrasantes montrent que Walus n'était pas un criminel de guerre nazi, qu'il n'était pas même en Pologne pendant la seconde guerre mondiale.
[…] Dans une atmosphère de haine et de dégoût voisine de l'hystérie, le gouvernement persécutait un innocent.
En 1974, Simon Wiesenthal, le célèbre «chasseur de nazis» de Vienne, avait accusé Walus d'être «un Polonais de Chicago qui avait collaboré avec la Gestapo dans les ghettos de Czestochowa et de Kielce et qui avait livré un certain nombre de juifs à la Gestapo» [32].
L'hebdomadaire de Chicago Reader fit un reportage sur l'affaire sous forme d'un article détaillé, paru en 1981 et intitulé : «La persécution de Frank Walus : Pour capturer un nazi : Le gouvernement américain voulait un criminel de guerre, alors, avec l'aide de Simon Wiesenthal, de la police israélienne, de la presse locale et du juge Julius Hoffman, il en a inventé un» [33]. L'article énonçait :
On est en droit de supposer que les «rapports» reçus par Wiesenthal [pour accabler Walus] étaient en fait des rumeurs […]. En d'autres termes, Simon Wiesenthal n'avait aucune preuve à l'encontre de Walus. Ce qui ne l'empêcha pas de le dénoncer.
Tandis que l'affaire Walus était en cours d'instruction auprès d'Hoffman [le juge], on projetait Holocaust à la télévision. A la même époque, c'est-à-dire en avril 1978, Simon Wiesenthal vint à Chicago où il donna des interviews dans lesquelles il s'attribuait le mérite de l'affaire Walus. «Comment un chasseur de nazis a aidé à trouver Walus», fut la manchette du quotidien Sun-Times, suivie d'un récit signé Bob Olmstead. Wiesenthal déclara à Abe Peck, du Sun-Times qu'il «n'avait jamais fait d'erreur d'identité». «Je sais qu'il y a des milliers de gens qui attendent que je commette une erreur», déclara-t-il.
Ce fut seulement après une bataille judiciaire épuisante
que l'homme qui avait été calomnié et agressé physiquement sous prétexte
qu'il était «le boucher de Kielce» réussit finalement à prouver qu'il avait
passé les années de guerre en paisible ouvrier agricole en Allemagne. Le
comportement irresponsable et téméraire de Wiesenthal dans l'affaire Walus
aurait dû suffire pour le discréditer à titre définitif en tant
qu'enquêteur digne de confiance. Mais sa réputation «de Teflon» survécut
même à cela [34].
Après une semblable affaire au Canada qui s'était achevée sur la déconfiture
de Wiesenthal, le journal Toronto Sun fit ce commentaire dans son
éditorial : «Il semble que les éléments fournis par le chasseur de nazi
professionnel Simon Wiesenthal sont inexacts, mais qu'on ne se gêne pas pour
les répéter [dans les médias].» [35]
Une grande partie du mythe de Wiesenthal est fondée sur sa chasse de J. Mengele,
le médecin qui était à Auschwitz pendant la guerre et qu'on aurait appelé
l'«ange de la mort».
Wiesenthal ne cessait de prétendre qu'il était sur les talons de Mengele.
Wiesenthal racontait que ses informateurs avaient «vu» ou «juste manqué»
l'insaisissable médecin au Pérou, au Chili, au Brésil, en Espagne, en Grèce
et dans une demi-douzaine d'endroits au Paraguay [36].
C'est au cours de l'été 1960 qu'il fut le plus près de saisir sa proie.
Wiesenthal raconta que Mengele était parti se cacher dans une petite île de
Grèce, d'où il s'était échappé juste quelques heures plus tôt. Wiesenthal
continua à colporter cette histoire avec force détails précis, même après
qu'un journaliste, qu'il avait payé pour vérifier les faits, l'eut informé
que le récit était faux de bout en bout [37].
Selon un autre bobard de Wiesenthal, Mengele organisa le meurtre, en 1960, d'une
de ses anciennes victimes, une femme qu'il était censé avoir stérilisée à
Auschwitz. Après avoir retrouvé sa trace, et repéré son tatouage
caractéristique du camp, dans un hôtel d'Argentine où il était descendu,
Mengele aurait prétendument organisé son meurtre parce qu'il craignait qu'elle
ne le dénonce. Il se révéla que la femme en question n'était jamais allée
en camp de concentration, n'avait pas de tatouage, n'avait jamais rencontré
Mengele, et que sa mort était un simple accident d'alpinisme [38].
Mengele dînait régulièrement dans les meilleurs restaurants d'Asunción,
capitale du Paraguay, disait Wiesenthal en 1977, et il était censé circuler
dans la ville à bord de sa Mercedes Benz noire, accompagné d'une troupe de
gardes armés [39]. Wiesenthal annonça en 1985 qu'il était «à 100 %
certain» que Mengele était parti se cacher au Paraguay au moins jusqu'à juin
1984 et il accusa la famille de Mengele, en Allemagne de l'Ouest, de savoir
exactement où. En fin de compte, Wiesenthal se trompait complètement. Il fut
plus tard définitivement établi que Mengele était mort en 1979 au Brésil,
où il avait vécu pendant des années, pauvre et anonyme [40].
En vérité, au «Centre de documentation» de Wiesenthal à Vienne, le dossier
Mengele, plein à craquer, était un tel fouillis d'informations inutiles que,
selon les termes du Times de Londres, il «ne faisait que maintenir des
mythes qui se nourrissaient de leurs propres affirmations et ne donnait guère
satisfaction à ceux qui apparemment avaient besoin d'une réponse définitive
sur le sort de Mengele» [41]. Même l'ancien ambassadeur d'Israël au Paraguay,
Benjamin Varon, critiqua prudemment la campagne bidon lancée contre Mengele en
1983 : «Wiesenthal fait périodiquement des déclarations où il nous annonce
qu'il est sur le point de l'attraper, peut-être parce que Wiesenthal doit se
procurer des fonds pour ses activités et que le nom de Mengele fait toujours
recette.» [42]
Selon les termes de G. Posner et John Ware, co-auteurs du livre Mengele : The
Complete Story [Mengele : Toute l'histoire], Wiesenthal a passé des années
à cultiver assidûment une image mythique de sa personne, «celle d'un
détective infatigable et opiniâtre, confronté au pouvoir tout-puissant et
funeste de Mengele et d'un vaste réseau nazi». A cause du chic qu'il a pour
«parler pour la galerie», affirment en conclusion Posner et Ware, Wiesenthal
«a fini par mettre en péril sa crédibilité» [43].
Un jour, Bruno Kreisky, chancelier d'Autriche et lui-même d'origine juive,
résuma ainsi son attitude sans équivoque à l'égard du «chasseur de nazis»
:
L'ingénieur Wiesenthal, ou quel que soit son titre, me déteste parce qu'il sait que je méprise son activité. Le groupe Wiesenthal est une mafia quasi politique qui travaille contre l'Autriche avec des méthodes scandaleuses. Wiesenthal est connu pour être quelqu'un qui n'est pas très soucieux de la vérité, qui n'est pas très sélectif dans ses méthodes et qui utilise des trucs. Il prétend qu'il est le «chasseur d'Eichmann» alors que chacun sait que c'est un service secret qui a fait le travail et que Wiesenthal s'en attribue le mérite [44].
Wiesenthal ne se trompe pas toujours, bien sûr. En 1975, il reconnaissait, dans une lettre publiée dans un périodique britannique, qu'«il n'y avait pas eu de camps d'extermination sur le sol allemand» [45]. Il reconnaissait ainsi implicitement que les allégations avancées par le tribunal de Nuremberg au lendemain de la guerre et ailleurs, selon lesquelles Buchenwald, Dachau et d'autres camps en Allemagne proprement dite étaient des «camps d'extermination», n'étaient pas vraies.
«La commercialisation de l'Holocauste»
Simon Wiesenthal et le Centre de Los Angeles qui porte son
nom «commercialisent» et «banalisent» l'Holocauste, si l'on en croit le
directeur du centre de l'Holocauste de Yad Vashem en Israël. L'accusation a
été rapportée par le quotidien israélien Ha'aretz en décembre 1988
[46]. L'hebdomadaire de Brooklyn The Jewish Press commenta ainsi cette
accusation : «Le mécontentement de Yad Vashem à propos de la façon dont le
centre Simon Wiesenthal commercialise l'Holocauste est bien connu depuis
longtemps, mais c'est la première fois qu'il le manifeste aussi ouvertement.»
Wiesenthal a «lancé» le chiffre de «11 millions de personnes exterminées
dans l'Holocauste — six millions de juifs et cinq millions de non juifs»,
affirma le directeur. Quand on lui demanda pourquoi il donnait ces chiffres,
Wiesenthal répondit :
Les gentils ne feront pas attention si nous ne mentionnons pas également leurs victimes.
Wiesenthal «a choisi "cinq millions [de gentils]"
parce qu'il voulait un nombre "diplomatique", un nombre qui
témoignerait d'un grand nombre de victimes chez les gentils mais qui ne soit en
aucun cas supérieur au nombre des juifs…»
Le Centre de Los Angeles paie 75 000 dollars par an à Wiesenthal pour
l'utilisation de son nom, dit le directeur de Yad Vashem. «Le peuple juif fait
beaucoup de choses grossières», ajoute le rapport, mais :
le Centre Wiesenthal a atteint le comble : il utilise au maximum les sujets sensibles dans le but de collecter des fonds…
The Jewish Press, qui prétend être le journal de la
communauté juive d'expression anglaise le plus lu d'Amérique, continuait
ainsi : «Ce que font Wiesenthal et le Centre de Los Angeles qui porte son nom
revient à banaliser l'Holocauste, à lui enlever cette haine-du-juif qui lui
est spécifique. Et, bien sûr, les juifs vont continuer à le soutenir parce
que c'est tellement à la mode.»
On demande souvent à Wiesenthal pourquoi il ne pardonne pas à ceux qui ont
persécuté les juifs il y a plus de quarante ans. Sa réponse classique
consiste à dire que, s'il a le droit, lui, de pardonner, il n'a pas le droit
de pardonner de la part des autres. Mais c'est là un sophisme digne du
Talmud. Si l'on se fonde sur un pareil raisonnement, il n'a pas non plus le
droit d'accuser et de traquer quiconque au nom des autres. Wiesenthal n'a
jamais limité sa «chasse» à ceux qui ont fait de lui, personnellement, une
victime.
Il est difficile de dire au juste ce qui anime cet homme digne d'attention.
Est-ce la recherche de la renommée ou des louanges ? Ou essaie-t-il de faire
oublier un épisode honteux de son passé ?
Wiesenthal apprécie manifestement les louanges qu'il reçoit. «C'est un
homme au moi très développé, sensible aux témoignages d'estime et fier de
[ses] titres honoris causa» , a-t- on pu lire dans The Los Angeles Times
[47]. Bruno Kreisky a fourni une explication plus simple. Il dit que
Wiesenthal «est mené par la haine» (von Hass diktiert) [48].
A la lumière d'un dossier si bien fourni en tromperies, mensonges et preuves
d'incompétence, l'éloge extravagant dont on a comblé cet homme méprisable
reflète le pouvoir de corruption par l'argent, et l'absence de principes de
notre époque.
Cité dans : M. Weber, «Nazi Hunter' Caught Lying [Chasseur de nazis pris en flagrant délit de mensonge]», Spotlight, Washington, DC, 26 octobre 1981, p. 9.
Interrogatoire de S. Wiesenthal les 27 et 28 mai, n° 2820, conduit par Curt Ponger. Dossier des Archives nationales de Washington, «Records of the U.S. Nuremberg War Crimes Trials Interrogations, 1946-49», dossier n° 238, microfilm M-1019, rouleau 79, images 460-469 et 470-476.
«Demande d'aide» auprès du PCIRO (Organisation internationale pour les réfugiés, en Autriche), remplie et signée par Wiesenthal, en date du 16 janvier 1949. Ce document a servi de pièce à conviction dans l'affaire Walus. Photocopie en possession de l'auteur.
S. Wiesenthal, The Murderers Among Us , édité par Joseph Wechsberg, New York, McGraw Hill, 1967.
Interrogatoire de S. Wiesenthal, 27 mai 1948, p. 1-2.
Murderers Among Us, p. 27.
Murderers Among Us, p. 29-35. Ce récit n'est pas incompatible avec ses déclarations de 1948 et de 1949.
Interrogatoire du 27 mai 1948, p. 2.
Interrogatoire du 28 mai 1948, p. 1-2.
Interrogatoire du 28 mai 1948, p. 5.
Murderers Among Us, p. 35-37.
Murderers Among Us, p. 37-38. Interrogatoires du 27 mai 1948, p. 2, et du 28 mai 1948, p. 5.
Murderers Among Us, p. 39-44. Interrogatoire du 27 mai 1948, p. 2-3.
KZ Mauthausen, Linz, Ibis-Verlag, 1946. Voy., ci-après, p. 197.
«Firing Squad [Peloton d'exécution]», Life, édition américaine, 11 juin 1945, p. 50. Voy., ci-après, p. 196.
Voy. également M. Weber, «The Sleight-of-Hand [le tour de passe-passe] of Simon Wiesenthal», The Journal of Historical Review, printemps 1984, vol. 5, n° 1, p. 120-122.
S. Wiesenthal, KZ Mauthausen (1946). Ces «aveux» sont une version quelque peu modifiée du document de Nuremberg NO-1973 (en polonais) ou PS-1515 (en allemand).
Selon l'Encyclopaedia Judaica («Mauthausen», EJ, vol. 11, p. 1138), au total 335 000 personnes furent détenues à Mauthausen et dans ses camps satellites (comprenant Hartheim) à un moment ou à un autre.
S. Wiesenthal, KZ Mauthausen (1946).
Voy. R. Faurisson, «Comment les Britanniques ont obtenu les aveux de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz», A.H.R. n° 1, printemps 1987, p. 137-152 ; Hans Fritzsche, The Sword in the Scales [L'Épée dans la balance] , Londres, 1953, p. 185 ; M. Weber, «Allies Used Torture…» [Les Alliés ont utilisé la torture…], The Spotlight, 24 décembre 1979, p. 8 ; Gerald Reitlinger, The Final Solution, Londres, Sphere, 1971, p. 515.
USA Today, 21 avril 1983, p. 9A.
Murderers Among Us, p. 44.
Evelyn Le Chêne, Mauthausen : The History of a Death Camp, Londres, 1971, p. 166-168 et 190-191.
«Mauthausen», Encyclopaedia Judaica, New York & Jérusalem, 1971, vol. 11, p. 1138.
C. Moritz, éd., Current Biography 1975, New York, H.W. Wilson, 1975, p. 442 ; interrogatoire de Wiesenthal du 27 mai 1948, p. 3.
R. Faurisson, «Le savon juif», Annales d'histoire révisionniste, n° 1, printemps 1987, p. 153-159. Le mythe du «savon humain» est repris, notamment, dans H. Kamm, «Elie Wiesel's Hometown» [La Ville natale d'Elie Wiesel], The New York Times, 9 décembre 1986, p. A9.
Der Neue Weg, Vienne, n° 17/18, 1946, p. 4-5. L'article est intitulé «RIF» et signé «Ing. Wiesenth.» (Ingénieur Wiesenthal).
Der Neue Weg, Vienne, n° 19/20, 1946, p. 14-15. L'article est intitulé «Seifenfabrik Belsetz» (L'usine de savon de Belzec) et signé «Ing. S. Wiesenth.».
S. Wiesenthal, Sails of Hope, Macmillan, 1973.
S. Birnbaum, «Wiesenthal's claim on Eichmann disputed by former Mossad head» [La revendication de Wiesenthal sur Eichmann contestée par un ancien dirigeant du Mossad], Daily News Bulletin de l'Agence Télégraphique juive, New York, 4 avril 1989 (envoi daté du 3 avril). Voy. aussi «Israeli Spy Terms Wiesenthal No Help in Finding Eichmann» [Selon un espion israélien, Wiesenthal n'a pas aidé à trouver Eichmann], dépêche Reuter de New York, St. Louis Dispatch, 9 avril 1989.
Michael Arndt, «The Wrong Man» [Ce n'était pas lui]], Sunday, The Chicago Tribune Magazine, 2 décembre 1984, p. 15-35, et, en particulier, p. 23.
«The Nazi Who Never Was» [Le Nazi qui n'en avait jamais été un], Washington Post, 10 mai 1981, p. B5, B8.
«The Persecution of Frank Walus», Reader (Chicago), 23 janvier 1981, p. 19, 30.
Précisons de quelle façon spectaculaire Frank Walus, plus chanceux en cela que Demjanjuk devant ses juges israéliens, put, en dernière minute, prouver son innocence. Les «témoins» juifs avaient déclaré à l'instruction que Walus était un colosse, un «général SS» pour certains. Au procès, on vit apparaître un tout petit homme frêle. La contradiction n'émut ni le juge, ni la presse. On s'acheminait vers une condamnation quand, soudain, on retrouva le nom et l'emplacement de la ferme allemande qui avait, pendant la guerre, employé le jeune Frank. Une foule de preuves fut apportée et, parmi celles-ci, la plus émouvante de toutes : la photographie du jeune Polonais, aussi frêle autrefois en Allemagne qu'il l'était aujourd'hui devant le tribunal américain. A cause de S. Wiesenthal, la vie de F. Walus était devenue un véritable calvaire, même au sens physique du terme (violentes agressions physiques, multiples attaques cardiaques, incapacité de se soigner correctement à cause de son dénuement), et la santé du malheureux ne s'en est jamais remise. — NDLR.
Cité dans M. Weber, «The Sleight-of-Hand of Simon Wiesenthal», The Journal of Historical Review, printemps 1984, p. 120-122.
Gerald L. Posner et John Ware, Mengele : The Complete Story, New York, Dell, 1987, p. 220-221 ; Gerald Astor, The «Last» Nazi : The Life and Times of Dr. Joseph Mengele, Toronto, Paperbacks, 1986, p. 202.
G. Posner et J. Ware, Id., p. 220.
G. Posner et J. Ware, Id., p. 179-180 ; G. Astor, Id., p. 178-180.
Time Magazine, 26 septembre 1977, p. 36-38. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 219.
«Hunting the "Angel of Death"» [La chasse à l'«Ange de la mort»], Newsweek, 20 mai 1985, p. 36-38. Voy. aussi M. Weber, «Lessons of the Mengele Affair», The Journal of Historical Review, automne 1985 (vol. 6, n° 3), p. 382. En outre, sur l'altération de la vérité dans l'affaire «Mermelstein-Institute for Historical Review», voy. M. Weber, «Declaration», The Journal of Historical Review, printemps 1982 (vol. 3, n° 1), p. 42-43 ; M. Weber, «Albert Speer and the "Holocaust"», The Journal of Historical Review, hiver 1984 (vol. 5, n° 2-4), p. 439.
Tom Bower dans The Times, Londres, 14 juin 1985, p. 14. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 222-223.
Midstream, décembre 1983, p. 24. Cité dans G. Posner et J. Ware, Id., p. 219.
G. Posner et J. Ware, Id., p. 222-223.
«Was hat Wiesenthal zu verbergen ?» [Wiesenthal a-t-il quelque chose à cacher ?], Deutsche National-Zeitung, Munich, 11 novembre 1988, p. 4.
Lettre de Wiesenthal dans Books & Bookmen, Londres, avril 1975, p. 5 ; plus tard il nia fallacieusement avoir fait une telle déclaration. Dans une lettre du 12 mai 1986 adressée au professeur John George de la Central State University d'Edmond, dans l'Oklahoma (copie en possession de l'auteur), Wiesenthal écrivait : «Je n'ai jamais déclaré qu'"il n'y avait pas eu de camps d'extermination sur le sol allemand". Cette citation est fausse, je n'aurais jamais pu dire une chose pareille.»
Ha'aretz, 16 décembre 1988. Repris par Jewish Press, Brooklyn, NY, 23 décembre 1988.
Cité dans M. Weber, Spotlight, 26 octobre 1981, p. 9.
Deutsche National-Zeitung, Munich, 8 juillet 1988, p. 7.
La R.H.R. reviendra sur le cas de Simon Wiesenthal et,
en particulier, sur un document le concernant que Robert Faurisson vient de
découvrir aux Archives nationales de Washington. S. Wiesenthal s'est vanté,
dans la presse française, d'avoir, en 1978, chassé de son domicile, à Vienne,
R. Faurisson qui lui rendait visite. En réalité, il ne savait pas à cette
époque qui était R. Faurisson venu l'interroger sur Anne Frank ; il l'avait
aimablement reçu et lui avait même fourni par écrit le nom et l'adresse d'un
centre de recherches à Vienne ; R. Faurisson possède toujours cet écrit.
L'ouvrage Justice n'est pas vengeance (R. Laffont, 1989), qui se
présente comme une autobiographie de S. Wiesenthal, ne comporte pas même le
nom de F. Walus ; en revanche, avec l'inconscience de la forfanterie dans le
crime, l'auteur ne nous fait grâce d'aucun détail sur les mensonges, les
supercheries, les trucages qui lui ont permis de diffamer publiquement, grâce
à une presse complaisante ou grâce au cinéma, ceux qu'il pourchassait
jusqu'à la condamnation, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort ou jusqu'au
suicide. Il est probable que S. Wiesenthal, le «chasseur de nazis», n'a pas
découvert un seul «criminel de guerre» mais qu'il s'est contenté de faire
rouvrir des dossiers de «criminels de guerre» déjà jugés et condamnés ;
il a, par les moyens les plus vils, réactivé des affaires classées et
suscité de nouveaux procès, mais, cette fois-ci, à grand spectacle.
*
Trois premières photographies ci-dessous : Dans sa livraison du 11 juin 1945, le magazine américain Life a publié la photographie de trois soldats allemands fusillés par un peloton d'exécution de l'armée américaine pendant la bataille des Ardennes (décembre 1944).
Quatrième photographie ci-dessous : Ce dessin de Simon Wiesenthal, extrait de son livre KZ Mauthausen, publié en 1946, montre trois détenus mis à mort par la barbarie allemande dans le camp de concentration de Mauthausen. On remarquera la tenue rayée des déportés. S. Wiesenthal a-t-il réellement été le témoin de cette exécution ? Il suffit de se reporter ci-dessus à la photographie du magazine Life pour constater la source de son inspiration. S. Wiesenthal ne cesse de se présenter en témoin vivant de la mort de «millions» de victimes de la brutalité des nazis mais il est incapable de fournir à ses lecteurs une seule illustration tirée de sa propre expérience. Il lui faut mentir et plagier. L'ironie veut qu'en fin de compte il ait, pour illustrer une fausse exécution par des Allemands, utilisé une vraie exécution d'Allemands par des Américains.
Revue d’Histoire Révisionniste, n° 5, novembre 1991, p. 180-197
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